Louange à Allah ! Nous Le louons, cherchons secours auprès de Lui et sollicitons son pardon. Nous nous réfugions auprès d’Allah contre nos mauvais penchants et nos mauvaises actions. Quiconque est guidé par Allah, rien ne pourra l’égarer et quiconque est abandonné par Allah, rien ne pourra le guider. Nous attestons qu’il n’y a de divinité qu’Allah sans associé et nous attestons que Mouhammad (PSL) est son serviteur et dernier envoyé à toute l’humanité jusqu’à la fin des temps. Nous lui sommes grandement reconnaissants pour nous avoir indiqué comment être frères et sœurs dans la foi islamique.
Serviteurs d’Allah !
Il ne faut surtout pas se tromper en pensant qu’être bon croyant se limite à être scrupuleux sur la relation cultuelle avec Allah par les prescriptions telles que la prière, le jeûne, etc. tout en étant peu scrupuleux sur les rapports Interpersonnels. Quiconque a une bonne compréhension des enseignements de l’islam sait que cette religion est une foi, un mode de vie, et aussi une communauté. L’une des grandes révolutions apportées par le message coranique et qui semblait une utopie irréalisable à commencer par les incrédules mecquois, c’était la construction d’une nouvelle société basée sur les exigences de la foi et non sur les hiérarchies injustes tributaires de l’ethnie, de la caste, du sexe, du lieu de naissance et autres appartenances subalternes.
A partir de tribus arabes souvent en guerre, où la généalogie, le genre, et la richesse faisaient la position sociale et la reconnaissance dont jouissaient les individus et les familles, le Coran a transformé profondément cet état d’esprit pour former une nouvelle génération d’hommes et de femmes. Pour cette nouvelle génération, la foi islamique est la première appartenance :
(وَاعْتَصِمُواْ بِحَبْلِ اللّهِ جَمِيعاً وَلاَ تَفَرَّقُواْ وَاذْكُرُواْ نِعْمَتَ اللّهِ عَلَيْكُمْ إِذْ كُنتُمْ أَعْدَاء فَأَلَّفَ بَيْنَ قُلُوبِكُمْ فَأَصْبَحْتُم بِنِعْمَتِهِ إِخْوَاناً وَكُنتُمْ عَلَىَ شَفَا حُفْرَةٍ مِّنَ النَّارِ فَأَنقَذَكُم مِّنْهَا كَذَلِكَ يُبَيِّنُ اللّهُ لَكُمْ آيَاتِهِ لَعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ)
« Et cramponnez-vous tous ensemble au "Habl" (câble) de Dieu et ne soyez pas divisés; et rappelez-vous le bienfait de Dieu sur vous : lorsque vous étiez ennemis, c'est Lui qui réconcilia vos coeurs. Puis, pas Son bienfait, vous êtes devenus frères. Et alors que vous étiez au bord d'un abîme de Feu, c'est Lui qui vous en a sauvés. Ainsi, Dieu vous montre Ses signes afin que vous soyez bien guidés. » (S3, V103)
L’Adhésion au message coranique fait naître alors une nouvelle mentalité où prime la foi en un Dieu unique, duquel doivent provenir les conceptions sur Lui-même (Allah), sur la création, et sur ce qu’est l’homme, sa nature, son statut, et sa mission sur terre. Pour arriver à ce grandissime résultat, le Coran a affirmé que l’humanité est une dans sa diversité qui constitue une richesse à valoriser, et que le critère de la précellence est la vertu :
(يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُم مِّن ذَكَرٍ وَأُنثَى وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوباً وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِندَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ)
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand- Connaisseur. » (S49, V13)
Serviteurs d’Allah !
Le travail non pas de réforme mais de révolution spirituelle et mentale accompli par le Coran bien sûr à travers l’exemplarité du sceau des prophète a fait que Bilal l’africain, Souhayb le romain, Salman le perse, Oumar l’arabe se côtoyaient dans une harmonie et un respect légendaires. C’est ainsi que lorsqu’un compagnon interpela Bilal par « le fils de la femme noire » et que celui-ci s’en plaignit auprès du prophète, ce dernier apostropha le fautif en ces termes : « il subsiste encore chez toi des traces de djahiliyah ». La djahiliyah est un terme que le Coran a utilisé pour nommer tout le système de valeurs bâti en dehors des sources révélées notamment les traditions et lois chez les arabes avant la révélation coranique.
Une fois que la fraternité islamique est acceptée et comprise comme une exigence de taille, le Coran rappelle l’incontournable devoir de chacun des membres de la communauté de ne rien négliger pour que cette fraternité soit à chaque instant renforcée et que les germes de la discorde ne trouvent pas un terreau fertile pour se développer et affaiblir le corps de la communauté islamique. Le Coran dit à ce propos :
(إِنَّمَا الْمُؤْمِنُونَ إِخْوَةٌ فَأَصْلِحُوا بَيْنَ أَخَوَيْكُمْ وَاتَّقُوا اللَّهَ لَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ)
« Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Dieu, afin qu'on vous fasse miséricorde.» (S49, V10)
Serviteurs d’Allah !
En plus de ce que le Coran a enseigné à propos de la fraternité islamique, le sceau des prophètes a utilisé l’image de l’édifice pour décrire ce à quoi elle doit ressembler : « Le croyant doit être pour son frère comme une brique. Chacune d’elle se colle bien à l’autre afin que l’édifice soit compact »
Pour sauvegarder la fraternité islamique, les formules incantatoires ne suffisent pas, il faut que chacun s’attelle sincèrement à participer à tout ce qui renforce l’unité des rangs, propage l’amour entre les musulmans et lutte contre tout ce qui peut être source d’animosité et de dispersion. A ce propos, le prophète dit : « Le musulman est le frère du musulman, il n'est pas injuste envers lui et ne l'abandonne pas lorsqu'il a besoin de lui ; et quiconque aide son frère, Allah l'aide ; et quiconque dissipe le tourment d'un musulman, Allah lui dissipera un tourment parmi les tourments du jour du jugement ; et quiconque cache les défauts d'un musulman, Allah cachera ses défauts le jour du jugement. » (Boukhary et Mouslim)
La fraternité ne doit donc pas être un vain mot que les actes de tous les jours démentent. Pour que cette proclamation de fraternité dans une première instance soit traduite dans les actes, le prophète a donné des indications de base que le musulman doit prendre pour viatique en la matière : « Les devoirs de tout musulman à l’égard de ses frères sont au nombre de cinq: il se doit de lui rendre le salut, de le visiter lorsqu’il est malade, de suivre son cortège funèbre, de se rendre à son invitation et de lui souhaiter que Dieu lui fasse miséricorde quand il éternue. » (Rapporté par Bukhari et Muslim). Une version de Muslim comporte ce sixième précepte: «Et donne-lui un conseil s’il te le demande. » (Boukhary et Mouslim)
Ce hadith comporte un enseignement important, à savoir qu’il ne s’agit pas de dire et agir comme on veut selon la vision qu’on se fait de la fraternité, mais de respecter ces recommandations du prophète dans la mesure du possible, et d’aller dans le sens de tout ce qui n’en contredit pas l’esprit. Il n’y a pas de doute que tout ce qui est mentionné dans ce hadith et d’autres similaires, constitue des droits et devoirs qui contribuent à soulager celui qui est en position de recevoir un quelconque égard de son frère et à jouir de cette quiétude intime pour quiconque a accompli un devoir de fraternité.
Serviteurs d’Allah !
Toutes les clauses contenues dans ce hadith qui pose les bases d’une fraternité agissante, constituent des actes d’adoration de grande importance et pour chacun et pour tous. En effet, l’échange de salutations indique déjà une bonne entrée en matière quand on rencontre son frère, le premier qui salue est plus méritant et le salué est en devoir de répondre à cette marque de respect et de prière en faveur du prochain. C’’est ainsi que le prophète ne voulait jamais être le premier à retirer sa main quand un musulman la serrait. En plus de la formule sacrée de salutation islamique, et de contact des mains, doit s’exprimer la lumière du visage à travers un sourire apaisé. Dans ce cadre, le prophète nous enseigne que l’aumône ne se réduit pas au matériel : « le sourire affiché pour ton frère est une aumône »
Donner un bon conseil, est un acte dont l’importance est illustrée par ce qu’en dit le prophète : « La religion, c’est le bon conseil » En effet, donner un conseil à ton frère quand il le sollicite, c’est d’abord une première attitude de respect et de prudence. Il ne faut pas chercher à s’imposer comme conseiller mais laisser le concerné avoir la latitude de s’adresser à qui il a confiance. Il se trouve que cette confiance est un processus et que celui qui a besoin de conseil sait en général à qui s’adresser. D’autre part, on peut donner un conseil à un frère sans qu’il le sollicite mais c’est parce que le comportement du conseiller s’y prête de par sa discrétion, son humilité, sa capacité à bien choisir les mots et les moments, sa bonne réputation, sa sagesse et sa bonne connaissance de l’objet sur quoi porte le conseil, ainsi que sa capacité d’écouter et de donner de l’espoir quelle que soit la difficulté.
Louange à Allah ! Que les bénédictions et les salutations de notre Seigneur soient sur le dernier prophète Mouhammad (PSL)
Rendre visite à un frère malade est un acte hautement significatif et pour le malade, et pour le visiteur. En effet, aller visiter ce frère malade rien que pour la face d’Allah dénote de la compassion qui fait partie des vertus cardinales en Islam. Cela dénote aussi de la capacité à accorder de son temps à autrui sans rien en attendre. Grand aussi est le soulagement du malade qui éprouve plus que d’ordinaire, le besoin de compagnie. Toujours est-il que toute visite au malade doit être en accord avec sa proche famille qui sait mieux que quiconque son état de santé. Cette activité cultuelle quand l’intention y est, recoupe le hadith qudy où notre Seigneur dit au serviteur le jour dernier : « Ô Fils d’Adam, Je suis tombé malade et tu ne m’as pas rendu visite. », Il répondit : Comment puis-je Te visiter ! Tu es le Seigneur des Mondes ! » Allah répondit : « Savais-tu que mon esclave est tombé malade et tu ne lui as pas rendu visite ? Si tu lui avais rendu visite, tu M’aurais trouvé auprès de lui »Il - le Très Haut - dit également dans une autre narration : « Ô fils d’Adam j’avais faim et tu ne m’as pas nourri. » Il répondit : »Comment pourrai-je Te nourrir, Tu es Le Seigneur des Mondes ! » Allah répondit : « Savais-tu que Mon esclave ressentait une grande faim et tu ne l’as pas nourri ? Si tu l’avais nourri, tu M’aurais trouvé auprès de lui. » (Mouslim)
Assister à la prière mortuaire et accompagner le cortège funèbre constitue un acte d’autant plus important que le défunt n’est pas présent pour réclamer ce droit. Le frère qui applique ce devoir sait que le mort ne peut même pas le remercier mais que c’est Allah qui a sa rétribution. Dans la même veine, prier pour son frère quand il éternue, dénoté de la profondeur de sa relation avec lui, même pour ce qui pourrait sembler être un détail. En réalité prier pour son prochain, c’est aussi prier pour soi-même.
Serviteurs d’Allah !
Tout ce qui a été dit avant, n’est qu’une infime partie de ce qui pourrait l’être en la matière et qui dépasse le cadre d’un sermon. La sauvegarde des liens de fraternité est une partie intégrante de la foi islamique dans sa dimension communautaire. Dans ce cadre, il est indiqué pour le musulman de bien méditer sur ces versets :
( يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا يَسْخَرْ قَومٌ مِّن قَوْمٍ عَسَى أَن يَكُونُوا خَيْراً مِّنْهُمْ وَلَا نِسَاء مِّن نِّسَاء عَسَى أَن يَكُنَّ خَيْراً مِّنْهُنَّ وَلَا تَلْمِزُوا أَنفُسَكُمْ وَلَا تَنَابَزُوا بِالْأَلْقَابِ بِئْسَ الاِسْمُ الْفُسُوقُ بَعْدَ الْإِيمَانِ وَمَن لَّمْ يَتُبْ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الظَّالِمُونَ (11) يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اجْتَنِبُوا كَثِيراً مِّنَ الظَّنِّ إِنَّبَعْضَ الظَّنِّ إِثْمٌ وَلَا تَجَسَّسُوا وَلَا يَغْتَب بَّعْضُكُم بَعْضاً أَيُحِبُّ أَحَدُكُمْ أَن يَأْكُلَ لَحْمَ أَخِيهِ مَيْتاً فَكَرِهْتُمُوهُ وَاتَّقُوا اللَّهَ إِنَّ اللَّهَ تَوَّابٌ رَّحِيمٌ (12))
«Ô vous qui avez cru ! Qu'un groupe ne se raille pas d'un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu'eux. Et que des femmes ne se raillent pas d'autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu'elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que "perversion" lorsqu'on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas... Ceux-là sont les injustes. 12. Ô vous qui avez cru ! Evitez de trop conjecturer [sur autrui] car une partie des conjectures est péché. Et n'espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres. L'un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? (Non !) Vous en aurez horreur. Et craignez Dieu. Car Dieu est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux. » (S49, V11-12)
Poussant l’exigence du respect du principe fraternité jusqu’au bout, le Coran prescrit une morale du tête à tête :
(لاَّ خَيْرَ فِي كَثِيرٍ مِّن نَّجْوَاهُمْ إِلاَّ مَنْ أَمَرَ بِصَدَقَةٍ أَوْ مَعْرُوفٍ أَوْ إِصْلاَحٍ بَيْنَ النَّاسِ وَمَن يَفْعَلْ ذَلِكَ ابْتَغَاء مَرْضَاتِ اللّهِ فَسَوْفَ نُؤْتِيهِ أَجْراً عَظِيماً)
« Il n'y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs conversations secrètes, sauf si l'un d'eux ordonne une charité, une bonne action, ou une conciliation entre les gens. Et quiconque le fait, cherchant l'agrément de Dieu, à celui-là Nous donnerons bientôt une récompense énorme. » (S4, V114)
Seigneur ! Fasse que les musulmans retournent à la fraternité islamique véritable !
Seigneur ! compte-nous parmi les serviteurs qui respectent les devoirs de fraternité et jouissent des droits de fraternité !